Dans le grand domaine des Kuchikis, une chambre était réservée à l'autel dressé en souvenir de la défunte épouse de Byakuya, Hisana, la soeur aînée de Rukia. Il avait entrouvert les portes de l'autel et réfléchissait à tous les évènements récents.
Il avait eu le coeur déchiré par un horrible dilemne : respecter l'ordre pour l'avoir trop souvent bafoué et montrer l'exemple, ou respecter le voeu d'une mourante qui avait été son seul amour. Il n'avait rien montré de sa souffrance, car la souffrance ne se montrait pas. C'était une maladie honteuse, surtout pour un homme, surtout pour un noble. Il n'avait même pas supporté de voir la révolte qu'avait affiché Ukitake lorsqu'il était venu se plaindre auprès du capitaine de la Sixième Division. Cela l'avait fortement agacé. Et pas uniquement parce qu'Ukitake déshonorait son rang en s'abaissant à montrer des sentiments, mais aussi par envie. Car lui ne pouvait se le permettre.
C'est pourquoi il avait remercié Ichigo. Lui qui se moquait de l'avis des autres, pour qui justement le sentiment était un moteur qui lui avait donné une force telle qu'il avait mis la Soul Society sens dessus dessous, renversé des capitaines et ébranlé les opinions d'un homme de principe.
C'est pourquoi à présent, Byakuya ne chercherait plus à sacrifier sa jeune soeur pour une obéissance aveugle proche de la mascarade. Il donnerait son coeur, son âme et son corps pour celle qui était son honneur. Il sera son frère pour de vrai, et non le juge implacable qu'il avait été dans cette affaire. Dire que quand il avait été plus jeune, il aurait volé au secours de Rukia sans hésiter.
Le destin influe, la société écrase. Byakuya n'avait pas eu à se plaindre de sa vie, contrairement à Rukia dont l'existence n'avait pas été rose au Rukongai. Cependant, le maître du clan Kuchiki l'enviait, cette existence. Malgré la Société, elle avait vécu. Elle avait connu du bonheur. Elle avait pu s'évader. La Liberté.
Cette liberté, il l'avait connu, oui, mais si peu de temps. Hisana...Pourquoi es-tu partie si tôt ? La fleur de cerisier s'était envolé alors que le bourgeon venait à peine d'éclore.
Byakuya entendit quelqu'un frapper à la porte de la chambre-sanctuaire. Il interrompit sa rêverie et répliqua un "Entrez" assez sec. Une servante entrouvrit timidement la porte.
Servante : Kuchiki - dono, Rukia-sama vous attend.
Byakuya quitta le sanctuaire, passa devant la servante sans lui dire le moindre mot, ou jeter le moindre regard. Il marchait le long des couloirs menant à une des chambres de la maison, où se trouvaient juste une petite table au ras du sol, typique des maisons japonaises, des tatamis pour s'asseoir. Il parvint devant cette chambre où se trouvait normalement Rukia. Il fit coulisser la porte en papier de riz et pénétra dans la salle.