Une peluche perdu dans les ruelles [PV : Orihime]

- Et un pour toi, toi et moi, je t'en donne un et tu en prends trois. C'est comme ça.

Orihime chantonnait un dernier tube qu'elle avait entendu à la télévision et que toutes les filles du lycée connaissaient par coeur. Le chanteur était un de ces beaux garçons qui faisait chavirer le coeur des filles et vider leur porte-monnaie. Mais Orihime était une fille dans le vent et était tombé dans le piège "boys band". Elle aurait bien aimé faire le chemin jusqu'à chez elle en musique, mais malheureusement elle n'avait pas les finances pour l'achat d'un A-Pom. Tatsuki avait proposé de lui avancer l'argent, mais Orihime avait refusé, niant la nécessité de l'objet. Mais c'est vrai qu'elle aurait bien aimer en posséder un et se saouler de musique pop en marchant dans la rue. Enfin...

Si elle avait eu un A-Pom, elle n'aurait pas entendu les cris d'horreur poussés par une personne terrorisée au fin fond d'une rue parallèle à celle qu'Orihime remontait. Surprise, sur le qui-vive, elle bifurqua immédiatement vers le lieu d'où provenait l'appel de détresse, en courant. Et là, elle découvrit l'origine des cris.

Un chat attaquait une sorte de peluche toute mimi pour en faire son quatre-heures - mais non enfin, Orihime, une peluche, ça ne se mange pas - pour jouer avec. Malheureusement, quand on voit les traces de griffes effectuées sur un arbre à chat, la peluche risquait d'être dans un état déplorable, ce qui était dommage, car elle est trop mignonne et aussi qu'elle parlait.

Orihime fronça les sourcils. Voyons, les peluches ou les poupées qui parlent sont pré-programmées, il n'en existe pas encore capable d'inventer une situation et des paroles adaptées sans que ce soit pré-enregistré. Et quel fabriquant de jouets aurait mis sur la bande-son des cris d'alerte ? - un psychopathe ?- Orihime eut soudain un doute. De toute façon, que ce soit vivant ou non, elle allait intervenir pour sauver la peluche, et après elle en aurait le cœur net.

Elle s'approcha du chat et frappa dans les mains pour attirer son attention.

- Oh, oh, allez, ouste, laisse-le tranquille, laisse-le !

Le matou se retourna vers Orihime et commença à faire le gros dos. Orihime fronça les sourcils et porta ses mains à ses tempes. Aussitôt, Tsubaki apparut devant elle et alla se planter juste devant les yeux du chat qui poussa un cri d'horreur (style chat qui hurle dans La Cité de la Peur) et s'enfuit en courant. Orihime afficha un petit sourire béat mais Tsubaki arriva juste devant ses yeux à elle et Orihime poussa un cri analogue à celui du chat.

- Hey, femme, tu m'utilises pour des choses aussi idiotes ? Cela déprécie mon rôle !

- Je suis désolée Tsubaki, je ne recommencerais pas. Promis.

Tsubaki la petite fée offensive se mit à grogner avant de rejoindre son emplacement de repos.
Orihime s'approcha de la peluche et la ramassa. Elle la regarda attentivement et l'épousseta pour enlever les traces de terre et de poussière.

- Tu l'as échappé belle, toi !

Orihime fut assez surprise de constater que la peluche ne bougeait pas, ne parlait pas, ne criait pas. Elle devait avoir rêvé. N'avait-elle pas entendu une voix demander de l'aide ? Si ça se trouve, quelqu'un d'autre était en danger et à la place, elle avait sauvé une peluche ? La jeune fille se sentait rougir de honte et se mit à inspecter les rues alentours pour tenter de détecter l'éventuelle victime qui
attendait désespérément son sauveur. Hélas, elle ne vit personne. Se sentant d'humeur mélancolique, Orihime reprit la route pour rejoindre la rue principale et revenir chez elle. Elle avait gardé la peluche en main et la regardait attentivement. Elle était encore un peu sale mais elle lui ferait prendre un bain à la maison. Orihime adorait ces peluches toutes mignonnes et les collectionnait. Même si ce n'était pas une peluche comme Kon (ce qu'elle avait cru au départ), au moins l'avait-elle sauvé des griffes d'un chat ou de la poubelle. A moins que ce soit un enfant qui l'avait perdu et qui pleurait sur son doudou évaporé ? Orihime n'avait pas pensé à ça. Mais il était trop tard pour revenir en arrière. Une fois à la maison, elle mettrait une petite annonce sur internet et quelques affiches de papier A4 pour dire qu'elle avait retrouvé l'objet et qu'elle souhaitait le rendre à son propriétaire. Elle ne la garderait qu'au bout d'un mois, si personne ne la réclamait. Mais elle voulait laisser sa chance à son propriétaire.

Après une longue marche, l'adolescente entra enfin dans son appartement après s'être essuyé les pieds et laissé ses chaussures dans le hall d'entrée. Elle se dirigea vers la salle à manger, où elle laissa son sac de cours, puis entra dans la salle de bain et fit couler de l'eau dans le lavabo.

- Je vais t'enlever toute cette crasse, tu seras tout propre !

Dans la salle de bain se répandit bientôt une bonne odeur de savon et des bulles s'élevèrent dans les airs avant d'éclater. Orihime approcha la peluche de l'eau.

Alors qu'elle approchait la peluche de l'eau savonneuse, celle-ci s'échappa de ses mains pour sortir de la salle de bain. Orihime sursauta de surprise, sans crier, comme si elle s'y attendait. Elle en avait croisé, des peluches qui parlent, comme Kon...Par contre, il ne semblait pas qu'elle avait affaire à Kon. Ce dernier était toujours ravi de prendre un bain (enfin, il l'avait laissé entendre auprès de Rukia). Celui-là, au contraire, fuyait carrément et refusait un lavage au lavabo. Lavage à sec ? Mais elle n'avait pas de quoi faire un lavage à sec ??? Comment faire ? Et sa mère avait fait un corps de peluche ? Que racontait-il ? Visiblement, il paniquait totalement. Il (vu la voix plutôt masculine) avait visiblement eu peur de s'abimer et devait réagir vivement pour éviter ce sort. Mais maintenant qu'il était loin de ça, il redevint plus poli et la remercia de l'avoir sauvé. Orihime trouvait cette peluche vraiment très mignonne, mais elle devait se mettre en tête qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une peluche. Elle devait s'enquérir vite de la présence de la mod Soul dans cet endroit. Car pour elle, nul doute : c'était une âme modifiée.

- Je...Je voulais pas du tout vous abîmer, j'aurais du regarder l'étiquette pour voir le mode de lavage, je n'avais pas fait attention. Veuillez m'excuser. Pour le chat...Je ne pouvais pas...vous laisser comme ça... Que ...vous soyez....une peluche ou une entité vivante.....

Elle hésita avant de poser la question. Pourvu qu'elle ne fasse pas une bourde.

- Vous êtes bien une ... mod-soul de la Soul Society ?

Super ! Et si ce n'était pas le cas ?? Elle aurait révélé un élément essentiel à un parfait inconnu. Elle imaginait déjà la Une du Journal de demain :"une jeune fille a été retrouvée morte dans sa salle de bain. Le Tueur à la peluche a encore frappé"
Anxieuse, elle attendait la réponse de la peluche.

La petite peluche semblait sur la défensive. Pour ne pas lui faire peur outre mesure, elle resta dans le coin de la salle de bain en attendant d'en savoir plus. Selon ses explications, la petite bestiole de tissu était liée à la Soul Society mais se montrait différente d'une âme normale. Orihime était déjà très sensible au triste destin que rencontrait une âme modifiée : créée pour le bon vouloir d'une organisation, elle devait travailler pour elle et disparaitre sans que personne ne le sache. Une sorte de non - existence. Mais le cas de cet oiseau en peluche n'était pas plus enviable : c'était une personne vivante, avec des parents, un passé, une vie qui a disparu parce qu'on a voulu expérimenter sur lui et il n'a jamais pu réintégrer son apparence humaine. C'était terrible...Mieux vallait avoir trop connu que de tout perdre. Orihime ne put laisser sa tristesse cachée. Elle compatissait vraiment à son sort. Elle non plus n'aimerait pas finir sa vie (ou même l'éternité, puisque c'était une âme ??) dans une peluche, si mignonne et solide soit-elle... Elle ne voulait pas non plus trop montrer sa compassion, elle risquait peut-être de vexer cette personne. Car toute existence mérite d'être considérée.
La "peluche" avait donc une identité. C'était un jeune homme plus âgé qu'elle de deux ans, et qui travaillait pour...Urahara ? C'était prévisible, beaucoup de monde du genre de ce Vivien Poirot - quel nom rigolo au demeurant !! - et souvent des laissés pour compte, trouvait un accueil dans leur exil dans la maison du vendeur de produits pour le moins exotiques. Peut-être était-il en mission pour Urahara - san lorsque le chat l'avait attaqué. Elle se hâta de dissimuler sa tristesse et s'agenouilla pour se mettre au niveau de la peluche et lui tendit un doigt.

- Je suis ravie de faire votre connaissance, Poirot - san. Je suis Orihime Inoue.... Je connais les mod soul car je suis amie avec des shinigamis et des âmes modifiées. Peut-être connais-tu Kon ? Il passe souvent chez Urahara... Et bien c'est un ami !

Elle afficha un grand sourire. Et remarqua qu'elle avait commis une erreur : c'était une personne, plus âgée qu'elle, et pourtant en une seconde, elle était passé du vouvoiement au tutoiement...Quel manque de tact !

Le nom de Kon était connu de ce mod soul au nom exotique de "Vivien Poirot". Voila qui allait simplifier les choses pour se faire ami avec Vivien qui ne semblait pas très à l'aise dans la situation actuelle (remarquez... qui se sentirait à l'aise dans le corps d'une peluche ?) Kon semblait s'en satisfaire, mais ce n'était sûrement pas le cas d'une personne qui avait eu un vrai corps auparavant. Que cela devait être dur !

En tout cas, merci à Kon d'avoir parlé d'elle à Vivien, ainsi ce dernier pouvait avoir confiance en elle ! Elle était curieuse de savoir ce qu'avait dit Kon à son sujet, mais Vivien n'entra pas dans le détail. En tout cas, le mod soul l'appréciait beaucoup et ça lui faisait plaisir. C'est vrai qu'il montrait toujours beaucoup d'enthousiasme quand il l'apercevait ou qu'il voyait Rukia. Les mods souls étaient plus démonstratifs que certains humains. Ils méritaient mieux que leur triste destin. Heureusement Urahara était un allié de poids pour les mods soul. Il avait fait beaucoup pour sauver la caisse d'âmes dites "défectueuse" de la destruction totale. Orihime, si tête en l'air, n'avait même pas noté l'erreur de langage de la mod soul. Pire encore, Orihime s'adaptait de façon irréfléchie aux bizarreries des gens. Quand Rukia, alors qu'elle venait d'arriver, saluait en faisant une révérence, Orihime faisait de même. Quand tout le monde regardait Don Kaionji à la télé, elle arrivait à l'école le lendemain en faisant "Mouahahahahaha" avec les bras croisés devant la poitrine.

- Bien sûr que je peux vous entraider !

Elle afficha un sourire ravi en pensant au fait de pouvoir rendre service et ouvrit la porte de la salle de bain pour permettre à la peluche de sortir de cet endroit étroit. Elle le précéda jusque dans le salon.

- Je vais souvent chez Urahara-san, il nous donne des nouvelles de la Soul Society, il nous entraine, et donne plein d'objets rigolos ! Je vous y emmène dès que vous voulez...maintenant !!! C'est maintenant, hein ??

Elle afficha un grand sourire satisfait.